Spoliation de terres à Mayotte : un système corrompu en plein cœur de la République

Spoliation de terres à Mayotte : un système corrompu en plein cœur de la République

Depuis 15 ans, Nadhoimati Madi, une horticultrice de 54 ans, se bat pour récupérer son héritage légitime, un legs foncier de 15 hectares hérité de son oncle décédé en 2008. Malgré un testament validé par deux juristes compétents, dont le vice-président de la Cour d’Appel, les autorités locales refusent de reconnaître son titre de propriété.

Pendant ce temps, ses terres font l’objet de transactions douteuses, comme la vente d’une parcelle stratégique à Kawéni pour 500 000 euros. L’affaire a également entraîné la révocation d’un conciliateur de justice, Marcel C., qui avait tenté d’aider Mme Madi dans ses démarches.

L’association Anti-Corruption (AC!!) a déposé une plainte auprès du Parquet National Financier pour dénoncer cette affaire de spoliation foncière et corruption institutionnalisée. La plainte révèle un système de corruption endémique à Mayotte, caractérisé par des marchés publics fractionnés pour éviter les mises en concurrence et des transactions douteuses.

L’affaire intervient dans un contexte difficile pour Mayotte, frappée récemment par le cyclone Chido, où entre 60 000 et 70 000 parcelles privées sont occupées par des personnes sans titre de propriété. L’association AC!! dénonce une corruption foncière concertée, péri-administrative et parapublique qui semble institutionnalisée.

La plainte porte sur plusieurs délits, dont captation d’héritage, menaces de mort, coups et blessures, harcèlement moral, diffamation, corruption publique active en bande organisée et trafic d’influence. L’affaire est suivie de près par les autorités judiciaires et les associations de défense des droits de l’homme.