Le déclin de la FNSEA : les syndicats agricoles à la croisée des chemins ?
Les élections professionnelles agricoles de 2025 ont marqué un tournant dans le paysage syndical français. La Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), longtemps dominante, a subi une défaite historique, perdant plus d’une vingtaine de chambres agricoles et voyant son score national chute en dessous des 50 %. La Coordination rurale (CR), un syndicat minoritaire, a profité de ce mouvement pour progresser de façon inédite.
Ces résultats sont-ils le signe d’un déclin irrémédiable de la FNSEA ? Rien n’est moins sûr. Si la CR a réussi à capitaliser sur les critiques adressées à la FNSEA, notamment en matière de représentation des intérêts des agriculteurs et de défense de l’agriculture durable, elle dispose encore de peu de structures départementales solides et d’adhérents. Le vote en faveur de la CR peut être interprété comme un vote protestataire contre la FNSEA, qui a été perçue comme trop focalisée sur les grandes cultures et insuffisamment attentive aux besoins des filières d’élevage.
La CR va désormais devoir se professionnaliser pour assumer ses nouvelles responsabilités dans les territoires où elle est devenue majoritaire. Cela suppose qu’elle développe son expertise technique et son offre de services pour les agriculteurs, tout en continuant à se différencier de la FNSEA. Mais l’histoire montre que les syndicats minoritaires ont du mal à durer sur le long terme.
La FNSEA, quant à elle, conserve encore des atouts majeurs pour résister à la concurrence. Elle dispose de ressources importantes, dont des capitaux, des entreprises de services et une branche jeunes qui fait fonction d’école de formation. Elle a également les moyens de développer son offre de services pour les agriculteurs et de s’ajuster pour mieux prendre en compte les intérêts de filières ou de territoires fragilisés.
Ces élections stimulent le débat sur l’avenir de l’agriculture française et augmentent l’intérêt politique et médiatique pour savoir quelle agriculture est souhaitée dans les prochaines décennies. Elles constituent une étape utile pour sortir de la crise actuelle, mais il ne faut pas s’attendre à un grand soir de la politique agricole française ou à une disparition de la FNSEA.
La question qui se pose maintenant est : quels seront les effets à long terme de ces élections sur le paysage syndical agricole français ? La CR parviendra-t-elle à consolider ses positions et à devenir un acteur majeur de la politique agricole, ou la FNSEA réussira-t-elle à se réinventer et à reconquérir les agriculteurs qui l’ont désertée ?
La réponse à ces questions ne peut être apportée que par le temps. Mais une chose est certaine : les élections professionnelles agricoles de 2025 marquent un tournant dans l’histoire de la politique agricole française, et leur impact sera ressenti pendant des années à venir.