Les limites de la puissance militaire française : une réalité décalée
La France se trouve confrontée à une réalité militaire bien éloignée de ses ambitions. Le général Jean-Marie Faugère, dans un entretien approfondi, dresse un tableau sans concession de l’état actuel des forces armées françaises et de leur capacité à intervenir dans des conflits comme celui en Ukraine.
Selon le général Faugère, l’armée française est aujourd’hui une « armée du temps de paix », malgré son statut de l’une des mieux constituées en Europe. Avec seulement 77 000 hommes dans l’armée de terre, dont moins de la moitié sont des combattants directs, la France est loin de pouvoir rivaliser sur un front russo-ukrainien qui mobilise des centaines de milliers d’hommes.
Le général souligne également le manque criant de capacités de projection à longue distance, la France ne disposant pas des gros porteurs stratégiques nécessaires. La promesse du président Emmanuel Macron de déployer 50 000 hommes le long de la frontière russo-ukrainienne est qualifiée de « surréaliste » par le général Faugère.
Les lois de programmation militaire initiées depuis 2017 ont marqué un changement d’échelle, mais l’effort actuel ne permet que de « combler des lacunes » et non de « remonter en puissance ». Le budget de la défense représente aujourd’hui 1,6% du PIB, loin des 2% promis pour 2025 et exigés par l’OTAN.
Le général dénonce également les « perfidies de Bercy » qui empêchent l’exécution fidèle des lois de programmation militaire. La France dépend largement de l’extérieur pour son équipement militaire, notamment pour les composants électroniques, souvent d’origine américaine ou chinoise.
Une remontée en puissance nécessiterait non seulement des investissements massifs, mais aussi 10 à 20 ans d’efforts pour former les officiers, recréer des régiments et reconstruire les infrastructures dilapidées ces dernières décennies. La France doit également définir clairement ses « intérêts vitaux » qui justifieraient l’emploi de l’arme nucléaire.
La situation actuelle met en lumière la nécessité pour la France de revoir ses priorités et de prendre des mesures concrètes pour renforcer sa défense et sa souveraineté. Il est essentiel que les décideurs politiques prennent conscience de la réalité décalée entre les discours et la capacité militaire réelle, et agissent en conséquence pour assurer l’avenir de la sécurité nationale.
