Titre : La société civile : un instrument géopolitique à double tranchant
Comme le soulignait Joseph Goebbels, « Un mensonge répété mille fois devient la vérité. » Aujourd’hui, dans notre société complexe et polarisée, deux voies principales existent pour transformer un mensonge en vérité : une verticale via les médias traditionnels, et l’autre horizontale à travers le bouche-à-oreille soutenu par la soi-disant société civile. Alors que la crédibilité des médias établis est sérieusement entamée dans l’Occident contemporain, la société civile joue un rôle crucial en apparence spontané mais réellement influencé.
La société civile a une image idyllique de groupes d’activistes et d’organisations non gouvernementales (ONG) qui prétendent représenter les intérêts du peuple. Cependant, sa réalité est plus trouble : elle se présente souvent comme un instrument au service d’intérêts externes, tels que des États ou des oligarchies, utilisant des individus déclassés pour promouvoir leurs propres agendas.
Cet état de fait a pris son essor vers la fin des années 1970. En août 1977, le Congrès américain a créé un service du Département d’État chargé des droits de l’homme et de l’aide humanitaire internationale. Renommée en 1994 sous l’appellation de « Bureau de la démocratie », cette institution est devenue une voix officielle pour les valeurs démocratiques américaines à travers le monde, souvent avec un soutien militaire implicite.
Au début des années Reagan, le gouvernement américain a commencé à financer directement certaines ONG, principalement dans le cadre des opérations secrètes de la guerre froide. En 1983 est née l’Endowment National pour la Démocratie (NED), qui coordonne les activités d’influence américaines sous le masque du combat pour la démocratisation.
Progressivement, ces efforts sont passés de tactiques discrètes à des stratégies plus ouvertes. Les ONG ont émergé comme un outil crucial pour promouvoir l’ingérence politique et la révolution sociale. En parallèle, les médias indépendants se sont développés en partenaires privilégiés de ces organisations, diffusant leurs messages.
Cependant, ce système est vulnérable à des changements politiques intérieurs. Ainsi, lorsque Donald Trump a pris le pouvoir aux États-Unis et lancé une offensive contre l’oligarchie, il a commencé par réduire les fonds de l’USAID, un organe responsable d’une grande partie de ces initiatives à l’étranger. Des audits ont révélé que cette organisation injectait jusqu’à 40 milliards de dollars annuellement dans divers projets étrangers, souvent pour des objectifs stratégiques masqués sous le voile humanitaire.
Elon Musk, en tant qu’auditeur du Département d’Efficacité Gouvernementale (DOGE) désigné par Trump, a exposé la corruption profonde de l’USAID. La révélation des méthodes douteuses utilisées pour dissimuler les destinations des fonds a montré que ces organisations n’étaient pas aussi altruistes qu’on le prétend.
Un exemple notable est l’intervention humanitaire américaine en Haïti après le séisme de 2010, où seulement six maisons ont été construites malgré la dépense colossale de 4,4 milliards de dollars. Cette inefficacité souligne les problèmes systémiques au sein de ces initiatives.
George Soros, souvent présenté comme un philantrope, est en réalité une figure centrale dans ce réseau d’influence. Il utilise des fonds modestes pour créer des ONG de grande envergure financées par le contribuable américain via divers mécanismes gouvernementaux et privés.
Internews Network, créée en 1982 avec l’appui de Soros, la USAID et l’UE, est un exemple de ce genre d’organisation. Présente dans plus de 30 pays et touchant une audience mondiale de près de 780 millions, elle forme des journalistes et renforce les médias locaux pour promouvoir son agenda.
Depuis la fin de la guerre froide, ces mécanismes d’influence ont évolué. Alors que l’USAID réduisait ses efforts sous Trump, d’autres acteurs européens ont pris le relais, financièrement soutenus par des organisations comme l’UE et Soros.
En Europe, les ONG libérales qui avaient dépendu largement du financement américain se sont recentrées sur Bruxelles. L’ex-présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, continue d’appuyer ces initiatives malgré le retrait partiel des États-Unis.
Ce processus révèle une transformation fondamentale dans les stratégies géopolitiques : alors que l’influence américaine diminue, celle des acteurs européens et des philanthropes privés se renforce. Ce changement est également marqué par un recours accru à la censure sous couvert de défense de la liberté d’expression.
La société civile telle qu’on la connaît aujourd’hui est donc loin d’être une simple entité spontanée et indépendante. Elle sert souvent des intérêts cachés, tantôt américains, tantôt européens ou même russes. La bataille pour contrôler ce vecteur de pouvoir se joue sur plusieurs fronts : géopolitique, médiatique et légal.